Journée de la Femme Digitale : Comment elles changent le monde ?

Par CapGemini Consulting et La French Tech

Se former : un enjeu capital pour les femmes qui souhaitent entreprendre et intraprendre dans le digital !  

« Il s’agit de trouver les bonnes compétences pour s’entourer, entreprendre seule c’est complexe. S’il y avait quelque chose à faire différemment pour Habiteo, je prendrais un associé véritablement opérationnel qui emmène le projet tout autant que moi, pour avoir un miroir constant et confronter chaque étape de la construction et puis d’avoir des compétences complémentaires. J’ai dû aller chercher mes faiblesses au sein des équipes pour les compenser car c’est la mixité qui est intéressante. » Jeanne Massa, CEO et co-fondatrice d’Habiteo.

POUR LES INTRAPRENEURES

Les intrapreneures elles-aussi doivent se former à de nouvelles fonctions et s’adapter au caractère changeant de leurs métiers, surtout dans le digital.

Plus de 92% des femmes salariées ayant répondu à notre étude souhaiteraient pouvoir suivre des formations ou bénéficier de coaching. Or elles sont plus de 66% à noter que ce type d’accompagnement n’est pas proposé dans leur entreprise.

Encadré : Pour répondre à ces attentes, la Journée de la Femme Digitale a décidé de créer la Fondation Margaret, dont l’un des axes d’action sera la formation. La fondation organisera notamment des coachings au JFD Club, offrira un coaching de Rothschild à la lauréate entrepreneure du prix Les Margaret 2018, et financera des bourses pour les jeunes femmes souhaitant suivre des études dans le secteur du numérique.
 
 

 

#CREATE : Les Intrapreneures, les nouvelles héroïnes de demain ?

Qu’elles soient intrapreneures (pour 68% d’entre elles) ou pas (pour 59%) au sein de leur entreprise, une majorité de femmes salariées souhaiteraient créer leur entreprise à moyen ou long terme – c’est-à-dire à horizon +3 ou +5 ans. Pour les entreprises, mettre en valeur ces intrapreneures revient à valoriser la prise d’initiative : un message positif qui laisse présager que les intrapreneures seront les héroïnes de demain !

 
Mais, alors qu’il y a un regain très fort de l’entrepreneuriat depuis 5 ans, et que l’envie d’entreprendre n’aura jamais été si fort, les femmes ne représentent seulement que 10% des entrepreneures dans la tech (source French Web) et 28% dans le secteur du numérique (source Syntec).

Alors, un seul mot d’ordre pour accroitre la croissance économique en France : OSER, INNOVER, ENTREPRENDRE ! D’autant plus que de 45% des répondantes témoignent d’un soutien très fort de leurs proches dans leur projet d’entrepreneuriat.

C’est pour encourager ces femmes à oser que la Journée de la Femme Digitale ; le JFD Club premier club de networking au féminin en Europe, et la Fondation Margaret au travers du Prix Les Margaret s’attèlent à mettre en lumière de nouveaux rôles modèles inspirants.

 « Celà peut paraitre bizarre, mais j’étais quelqu’un de peu sûre de moi avant et le fait d’avoir cette ambition qui se construit peu à peu donne de plus en plus d’assurance. Je me rends compte que les femmes se brident énormément, s’empêchent de faire beaucoup de choses, ont beaucoup de croyances limitantes (…) je me dis toujours qu’il faut vraiment encourager les femmes à avoir confiance ; la confiance c’est la clé de tout. » – Alix de Sagazan , Co – fondatrice de AB Tasty
 

#FINANCE : Une recherche de financement dans la durée pour la pérennité de l’entreprise et du projet

67% des femmes disent privilégier d’autres moyens de financement que la levée de fonds, notamment l’apport personnel (à 75%) – Au – delà de l’aspect financement, elles ont vraiment pour préoccupation première la recherche de rentabilité, point-clé pour sécuriser la viabilité de leur entreprise, peut-être le syndrome de la bonne élève !

« Notre objectif n’est pas de faire la plus grosse levée de fonds mais de pérenniser notre entreprise et je reste persuadée que c’est pour ça que nous [femmes] levons moins de fonds. Nous sommes moins dans le côté paillettes, où il faut sortir les gros chiffres. » – Sandrine Jullien-Rouquie, Fondatrice de Ludilabel
 
 
Pour trouver des financements pour leur projet ou leur entreprise, les intrapreneures et entrepreneures témoignent qu’être une femme peut se révéler un inconvénient… ou un véritable atout ! Plus de 70 % des femmes interrogées ont concentré leurs efforts sur la préparation de leur dossier de financement et +40% se sont fait coacher pour le préparer.
 
 
 
 
 « Rien que le verbe « lever » ou le terme “levée de fonds” me gêne personnellement Je le trouve très masculin. En tant que communicante je crois vraiment à la force du langage, au poids des mots et de leurs injonctions dans notre inconscient personnel et collectif. Je pense que ce verbe “lever” ou le terme “levée de fonds” ne convient pas aux femmes.” Et je propose de créer un nouveau terme et de choisir un nouveau verbe d’action pour expliquer le financement, l’investissement de façon plus humaine ! – Delphine Remy-Boutang, Co-fondatrice de la Journée de la Femme Digitale, Fondatrice du JFD Club et de the bureau
 
… ou un véritable atout !

« Nous étions deux – moi j’étais enceinte et à partir du moment où les investisseurs voient que la boîte marche, ils ne sont pas du tout misogynes. Au contraire ! Je pense que c’est plutôt un atout parce que comme ils ont assez peu de femmes dans leurs portefeuilles, ils les mettent en avant et essayent d’en avoir. Je trouve que ce n’est absolument pas un frein. » – Alix de Sagazan , Co – fondatrice de AB Tasty

 

 

#DRIVE : Le leadership au féminin, un leadership en adéquation avec les nouvelles tendances sociétales

80% des femmes Managers déclarent n’avoir aucune difficulté à recruter des hommes en tant que femmes. Pour la plupart des femmes interrogées, le sujet du management au féminin n’est pas un sujet en soi ; le management est une question de personnalité avant tout.

Pour autant, les femmes mettent en avant un « savoir-être » qui leur est propre. Elles basent leur mode de management avant tout sur l’empathie, la collaboration, l’accompagnement de leurs collaborateurs pour les faire progresser (à +78 %), la responsabilisation des équipes (à 81%) et la souplesse sur l’aménagement des horaires compte tenu des contraintes personnelles, familiales par exemple (à 6 7%) .

A l’ère des salariés « Digital Native », ces valeurs sont en complète adéquation avec leurs nouvelles attentes : quête de transparence, de flexibilité, de confiance et de communication en temps réel prônées par les réseaux sociaux et plus largement véhiculées par le digital. Vous avez dit génération Z ?

 

« [En tant que femme et maman de 2 enfants] j’ai l’impression d’avoir été plus à l’aise avec le télétravail, avec plus de confiance à laisser des femmes rester chez elles quand elles en ont besoin que des hommes qui sont un peu plus loin de ces préoccupations. » – Nathalie Debras, Directrice de la Communication de L’Oréal Luxe France

« Une des différences je dirais que c’est le fameux quotient émotionnel qui est quand même beaucoup plus féminin et qui va ramener une dimension d’empathie plus forte. Je le constate. Souvent les femmes vont plus être à l’écoute de l’autre, se préoccuper du développement personnel de leurs équipes, de cette dimension peut-être plus humaine dans le collaborateur que les hommes qui vont plus être orientés sur la performance et l’efficacité en priorité. » – Laurence Lafont, Directrice Division Marketing et Opérations chez Microsoft France.

#LEAD : Un changement de mentalités en marche

Être un homme ou une femme pour entreprendre un projet ou créer son entreprise n’est plus un sujet pour près de 80% des femmes interrogées.

« Pour moi être un homme ou une femme pour créer son entreprise, ça n’a rien à voir avec l’entrepreneuriat. J’ai toujours été une entrepreneure point. Femme ou pas, il n’y a pas de différence pour moi. Je pense justement que se considérer comme différente et femme est un problème et ça forme l’idée que l’entrepreneuriat féminin est différent donc si les femmes peuvent comprendre qu’elles font face aux mêmes problèmes que les hommes c’est bien. » Joséphine Goube, Fondatrice de Techfugees.

Pour autant, si les mentalités changent lentement mais sûrement, la JFD entre autres acteurs-clés de cette transformation, n’a pas encore réussi à faire bouger les chiffres puisqu’on ne rencontre toujours que 10% à la tête des startups dans la tech. (source : FrenchWeb). Les préjugés ont parfois encore la vie dure. Pour les 20% qui pensent qu’être une femme est handicap pour entreprendre :
  • 80% jugent qu’elles sont victimes de préjugés
  • 25% que les femmes prennent moins de risques
  • 31 % qu’elles veulent préserver leur vie de famille
L’éducation et la formation ont un rôle à jouer ici pour que les femmes se sentent plus légitimes et pour dépasser les préjugés car c’est en supprimant les stéréotypes dès le plus jeune âge que nous les supprimons de nos mentalités.
 
« C’est très tôt qu’il faut s’occuper du sujet. On se rend compte que c’est vers l’âge de l’adolescence que ça commence à basculer à cause du regard de la société et des stéréotypes sur le fait que les métiers techniques seraient plus masculins. C’est au plus tôt qu’il faut commencer à travailler là-dessus (…) car jusqu’à 10-12 ans, il n’y a pas d’inégalités par rapport à ces sujets » – Laurence Lafont, Directrice Division Marketing et Opérations chez Microsoft France.
 
Selon une estimation de l’Union Européenne, le PIB européen augmenterait de 9 milliards d’euros par an si les femmes représentaient la moitié du secteur du numérique. Pourquoi ? Parce que les entreprises qui ont des femmes à leur tête ont une meilleure rentabilité.
 
La tech, une affaire de femmes à reconquérir : Changer les mentalités est la première étape pour faire bouger les chiffres et construire un monde meilleur plus juste et plus créatif, il est donc grand temps de passer à l’action !
 

METHODOLOGIE :

L’étude a été réalisée conjointement par CapGemini Consulting et La French Tech du 19 février au 21 mars 2018. La partie quantitative, conçue par CapGemini Consulting a été administrée en ligne auprès de +1100 femmes. En parallèle, La French Tech a mené une série d’entretiens qualitatifs, de visu ou par téléphone, auprès de 15 entrepreneures et intrapreneures issues de l’écosystème digital.